Le
super-blog
secret de
John Warsen
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21 décembre 2005
Jour ??? pour ceux qui sont pas au jus, le blog à warsen a déménagé : http://johnwarsen.blog.lemonde.fr/johnwarsen/ puis disparu. 30 novembre Jour 53. Grégaires égrégores. Bien que j'en aie marre de m'identifier avec un tox parce que ça ne fait que retarder ma sortie de la polyclinique, que la logique de l'addiction me lasse par sa ravageuse et réductionniste absurdité, j'ai sûrement quelque chose à faire avec ça : 20 ans que je manifeste des comportements autodestructeurs bien que cet assemblage de mots soit vide de sens, issu comme les autres du mental verbal qui tricote ses p'tites chaines - par - affinités - électives - du - souvenir - qui - en - appelle - un - autre - qui- s'accroche - à - une - représentation - déjà - présente - cette - semaine - dans - la - playlist, ce qui fait qu'on peut passer des années entières à monter et descendre les escaliers escheriens des vestiaires de l'esprit sans jamais trouver l'endroit où se joue le match, et puis un jour, boum, plus de mots dans le sac à mots : on VOIT mais aussi ON RESSENT que l'hypothèse d'une présumée conscience qui ferait tourner le bazar en sous-main est ridiculisée d'avance, qu'un générateur d'impulsions aléatoires jouirait d'un degré de liberté supérieur, et on se tourne alors vers des pratiques, sur lesquelles le mental va recommencer à tricoter ses pulloverdoses, mais on apprend à cohabiter puisque n'importe quelle autre figure que l'acceptation les nourrit - donc j'ai pris rdv avec une thérapeute recommandée par le psychiatre - qui - ne - pouvait - rien - pour - moi et qui affiche pnl, hypnose ericksonienne, thérapies familiales, transgénérationnel... manque plus que "charbons et spiritueux" ou "ramonage et fumisterie" au fronton de l'échoppe, commerces d'un autre âge qui flottent encore parfois à la limite de la perception sur des façades parisiennes décrépites. Bref je suis allé la voir hier en lui disant "faites moi tout sauf de la psychothérapie, j'ai dressé mon mental à faire trois fois le tour du pâté de maisons pendant que je reste calé sur mes chiottes"... J'espère obtenir des techniques de recorporisation dans le monde des sensations, avant qu'elles ne soient prises en otage par le mental. Dit comme ça c'est carrément cucul, et c'est pas en faisant de l'ordi que je vais augmenter mon score, donc il est aussi sur la liste des activités à réduire dare dard. Encore une de ces périodes où mes employeurs raréfiés me laissent mariner plus que de raison, j'ai dû bosser 6 jours en novembre alors que je suis à la fleur de l'âge et au top de la créativité. J'ai même pas fait exprès de rater la date limite pour poster ma candidature à l'audiovisuel public, et la machine à fabriquer du stress est quand même bien présente, même si les différents sevrages en cours lui font tourner la tête ailleurs. J'aurais dû plus potasser le programme des AA, ils ont de bons outils. Je me serais pas retrouvé dans la cybermerde (sortie du cybercul.) Mais je ne voulais pas me confier à l'égrégore du groupe. La prière me faisait profondément chier, sans parler de l'inventaire moral. Les étapes du programme de rétablissement spirituel suggéré, je ne me voyais pas les pratiquer. Résultat, aujourd'hui je ne bois pas, ne fume pas et ne me branle pas, et je serais tenté de dire "et c'est tout" dans le sens où l'abstinence ne fait pas de moi un Superman (si sexy avec son slip par dessus) ni même un prophète à trois balles, si je n'avais l'intuition de la fatuité pseudo-désenchantée de ce "et c'est tout". Quand je cède aux sirènes poilues de l'auto-apitoiement, je me dis que j'aurais dû plus potasser dans le bardo précédent, cette incarnation me laisse stupéfait et les bonbons du tableau B sont des remèdes pires que le mal. Il y a peut-être des domaines dans lesquels j'ai des dons, à part pour prendre des gnons et ne pas les rendre. Mais j'ai pas les moyen de m'illusionner sur mes faiblesses. Je me rappelle d'un gros malin qui avait déconné avec l'ésotérisme et qui commençait ses partages en réunion AA par "je suis abstinent de tout produit modifiant le comportement et j'envisage de devenir abstinent de tout comportement modifiant le comportement", ce qui n'était évidemment que pure bravade. Ce matin, en faisant mon jogging, je réconcilie "je n'ai prise sur rien" (= je lâche prise) avec "je ne peux changer que moi-même" (= je me mets à bosser sur ce qui m'apparait incorrect, crooked, unefficient, painful... et sur cet encombrant et persistant sentiment du ridicule qui a lui aussi sa raison d'être au moins sur le plan historique : j'ai passé tant de temps à être à l'affût du moindre changement intérieur sans poser le plus petit bout d'acte quantique qui l'aurait suscité que je n'ai pas volé ces tourbillons fractals d'inhibition de l'action & de la pensée.) note : un égrégore c'est quand un ensemble de gens pensent ou agissent pareil, ça crée une forme d'entité psychique. 10 termites ne bougent pas. 100 termites se mettent à construire une termitière. Bon, avec les humains, ça commence à deux. Le couple par exemple, est une sorte de 3è personne qui se crée par l'interaction de deux autres. 22 novembre Jour 45. Une semaine et demie sans tabac. Le bonheur dans l'abstinence : la religion des couilles molles ? Expérience nouvelle et nécessaire : j'ai laissé mon ordinateur éteint pendant 3 jours, suite au fait que j'avais traité un mec de connard sur le forum des dépendants sexuels (alors qu'il n'était qu'abruti), qu'il se prenait pour Dark Vador alors que c'était visiblement au-dessus de ses moyens, il n'avait pas l'intelligence de sa maladie... c'est idiot ce que je dis là, évidemment que s'il l'avait, il eut été à moitié guéri. C'est une remontée inopinée d'huile dans le carbu : "l'intelligence de sa maladie" est une expression lue dans "la maladie de la mort" un court texte de Marguerite Duras qui m'avait fait tripper morbidité contemplative il y a bien 20 ans et qui me revient sous les doigts maintenant, m'indiquant qu'elle fut gravée dans la cire molle de mes circonvolutions cérébelleuses. (et ça c'est au moins du Thiéfaine) Bref, on ne trouve pas vraiment de disciples de Lautréamont ou de Sade chez les porno-toxs, je veux dire de mecs qui tripperaient sur des entités démoniaques, des divinités courroucées... c'est un assortiment assez homogène de mecs prématurément abimés sur le plan du développement affectif et qui du coup s'abyment dans la quète du sein perdu... endossant la posture des "fantomes affamés" du bouddhisme tibétain. Bref, ça m'a fait comprendre qu'il était temps d'aller prendre l'air. Sur le forum, place aux jeunes abstinents. D'ailleurs, à 45 jours de ma dernière branlette, il est temps de me protéger de la femme à tête carrée. Du coup j'ai cessé de fumer (rires et toussotements génés du public) et réduis progressivement mes doses d'ordinateur, ce qui me laisse du temps libre pour lire les bouddhistes au coin du feu, faire un puzzle de 3000 pièces et observer ce qui s'élève en moi (mis à part le glaive sous la robe austère de la justice) quand j'augmente les doses de sevrage dans l'espoir de déconstruire mon rapport névrotique au réel. J'observe donc des pensées, conventionnelles, conditionnées, suintantes d'angoisses résiduelles, je remonte leurs filières qui débouchent sur des culs-de-sacs logiques ou émotionnels, ce qui les affaiblit temporairement... Pourquoi sommes-nous affublés de cet absurde sentiment de liberté, sans cesse contredit par le treillis hyper-dense du réseau de déterminismes dont nous sommes les gérants ? Pour éviter le suicide au court-bouillon, sans doute. C'est quand je VOIS combien mon esprit réagit de façon bien peu libre, que je me dis qu'à part changer la façon d'apprendre... penser par moi-même est une pure fiction qui m'a maintenu en vie, mais à quel prix ! "Je pense parfois que le plus grand accomplissement de la culture moderne est la publicité remarquable qu'elle fait pour le samsara et ses distractions stériles. La société contemporaine m'apparait comme une célébration de tout ce qui nous éloigne de la vérité, nous empêche de vivre pour cette vérité et nous décourage de seulement croire à son existence. Etrange paradoxe que cette civilisation qui prétend adorer la vie mais lui retire en fait toute signification réelle, qui clame sans cesse vouloir rendre les gens "heureux" mais en réalité leur barre la source menant à la joie véritable ! Ce samsara moderne entretient et favorise en nous une angoisse et une dépression dont il se nourrit en retour. Il les alimente par le biais d'une société de consommation qui cultive notre avidité afin de se perpétuer. Il est extrèmement organisé, habile et sophistiqué; il nous assaille de tous côtés avec sa propagande et crée autour de nous un environnement de dépendance presque insurmontable. Plus nous tentons de lui échapper, plus nous semblons tomber dans les pièges qu'il nous pose si ingénieusement."(Sogyal Rinpoche) Que mes projections émotionnelles aient pour support les stars du porno ou les maitres spirituels, j'ai observé qu'elles sont finalement de même intensité et que leur différence de nature est minime : le porno c'est plutôt maman, les maitres plutôt papa. "Les gourous ne sont pas aimés, ils sont enviés, détestés, et l’adulation apparente dont ils sont l’objet n’est que le reflet des espoirs qu’on place en eux, espoirs qui seront forcément déçus. L’enseignement des gourous est aussi différent de ce qu’on imagine que leur vie. On croit qu’ils sont des rois vivant dans des palais faits de la reconnaissance et de l'admiration de leurs disciples, et l’on s’imagine devenir des rois grâce à eux. Ils ne sont que des vieux chiens (l’expression n’est pas de moi) abandonnés au bord de la route, et c’est ce qu’ils nous proposent de devenir." (quelqu'un qui n'a finalement pas besoin de lire Chuck Palahniuk pour écrire comme lui et dont je vais finir par croire que mon esprit ne l'a créé que pour m'aider à déconstruire le bourgeois asianophile qui m'habite, ce qui serait une pensée immodeste et erronée) L'addiction m'a permis d'éprouver la sensation pure de l'attachement au sens bouddhique : puisque la dépendance consiste à effacer la douleur par ce qui la provoque, elle resserre ainsi le noeud qu'elle prétend défaire "pour un moment". Commercer avec un produit dans l'espoir de retrouver un plaisir qui naissait de la fortuité de la rencontre, faut vraiment être baisé de la caisse pour penser que ça peut marcher. D'ailleurs les dépendants évitent de "penser" à leur problème sous peine de s'en créer un autre de dissonance cognitive. Quel dommage que l'abstinence soit un mot si triste, qui évoque une ascèse défraichie, soldée pour pauvres d'esprit et minus habens du coeur. Et les couilles molles dans tout ça ? Ce qui m'agaçait dans le bouddhisme sans parvenir à mettre le doigt dessus, c'était que je croyais y lire l'équation désirs = caca. On voit très bien la saisie qu'un esprit craintif peut faire sur le texte de Sogyal, à cheval entre le tract cégétiste anti-samsara et le dépliant publicitaire éloge-de-la-fuite : le bouddhisme faisant l'économie du désir, jette le bébé avec l'eau du bain en assimilant le monde phénoménal à un casino où l'on ne peut que perdre, le bouddhisme c'est bon pour les couilles molles. Plus proche de nous, c'est le renard de La Fontaine qui, ne pouvant les attraper, décide que "ces raisins sont trop verts et murs pour des goujats". Maintenant que je constate par moi-même que "choisir, c'est renoncer" se mesure aux résultats, je ne vais pas sombrer dans un moralisme tout aussi outré mais inversé, et prétendre que c'est finalement l'avidité qui est un trip de chochottes. L'avidité, c'est la peur du manque, donc l'ignorance. Apprendre à me différencier d'un chien savant, c'est déjà un objectif plus dans mes moyens : me retenir de remuer la queue quand on me propose un susucre, c'est assez rock'n'roll pour aujourd'hui. Evidemment, la couille molle, c'était la mienne quand j'allais aux cyberputes. Dieu vomit les tièdes, et il les essuie pas avec du Sopalin après. 7 novembre Jour 30. ![]() Les effets du sevrage sont d'une lenteur ridicule, mais il faut longuement savourer la vacuité du ridicule avant de pouvoir s'en défaire. Il y a un livre d'Henri Michaux, "Poteaux d'angle", rédigé vers la fin de sa vie, qui ne parle que de ça. Chaque fois qu'on en a l'occasion, il faut d'ailleurs préférer le ridicule à la désespérance, l'un libère et l'autre asservit en nous redirigeant vers des bouffées émotionnelles délirantes. L'inutilité relative de mes efforts pour détourner mes condisciples de l'enfer qu'ils se sont eux-même créés ne me fait plus mal au bide. D'ailleurs on ne peut pas dire qu'ils se le soient réellement créés, comme dans toute dépendance il y a d'abord une rencontre ponctuelle entre le consommateur et le produit, qui se structure ensuite dans le temps. Je vais mettre mon énergie ailleurs, sinon moi aussi je reboirai la tasse quand la mer remontera. Elle remonte toujours un jour ou l'autre. Ballade en forêt. Jeannette a un radar à cèpes dans le cerveau, moi un radar à girolles. Mais quand je l'enclenche, je suis obligé de shunter le circuit "sensibilité défocalisée à la beauté de la nature sans finalité", c'est un choix déchirant uniquement motivé par la perspective d'une omelette aux champignons. Un peu jaloux de l'hypermédiatisation des violences suburbaines actuelles, j'ai voulu initier un cycle de violences rurales en allant foutre le feu au tracteur du voisin dans sa grange, mais je me suis fait mordre par son clébard. Dans ces temps obscurs où l'on ne pense qu'à forniquer parce que la société nous a lavé le cerveau à ce sujet, la réaction de tous ces p'tits gars de banlieue pour faire redémarrer l'industrie automobile a quelque chose de salubre, bien qu'eux n'aient guère le choix entre le ridicule et la désespérance, occupés qu'ils sont à détruire leur environnement sans se préoccuper des lendemains qui déchantent : ghettoïsation accélérée, détournement massif de l'électorat vers la droite de Sarkozy, où l'on ne trouve guère que Le Pen et ses sbires. La troisième saison de "The Shield" a commencé hier soir sur Canal Jimmy, et un journaliste de Télérama observe que "alors qu'on craint toujours de voir la série basculer définitivement dans le n'importe quoi et l'invraisemblance la plus extrème, Shawn Ryan parvient à maintenir un très précaire équilibre dans cette vertigineuse immersion dans les eaux nauséabondes de la chasse à la délinquance en zone ultrasensible." On devrait l'envoyer en reportage en banlieue pour les pages "faits de société" du magazine, ça le changerait de la télé. 3 novembre Jour 26. Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés... une copine m'écrit : "ton blog, c'est toujours aussi intéressant. Tu es finalement le cas typique du gars qui n'arrête pas de citer les autres alors qu'il a en lui-même tous les trésors qu'il faut." Je lui réponds : "J'ai toujours beaucoup carburé aux citations, ce qui m'évitait de savoir si j'avais quelque chose à dire. Maintenant, quand quelqu'un pense quelque chose qui me convient et l'exprime en mots simples, je trouve que ça va plus vite de s'effacer devant la source, alors qu'à l'époque c'était pour me faire mousser; là, je me sens passeur. De plus je trouve les livres globalement plus fréquentables que leurs auteurs, ce qui relèverait d'une misanthropie de bon aloi si elle n'était l'avant-garde armée d'un orgueil susceptible de me refaire tomber du coté de la confiture ; c'est pourquoi je multiplie mes liens sociaux et activités caritatives aux Alcooliques Anonymes et que je suis grand gourou salvateur auto-proclamé sur le forum des cyberjunks. Mon égo est partout, alors autant l'exploiter utilement, c'est à dire pour des causes qui le dépassent largement. Je n'ai rien d'intéressant et j'essaye de ne pas l'oublier tout le temps." En plus, si c'était vrai ça me permettrait de redorer mon blason auprès de certaines, hi! hi! 01 novembre Jour 24. Ne pas perdre de vue que nous avons des problèmes de nantis (par opposition à la majorité des habitants de la planète, qui ont des problèmes de survie) Je rêve de trouver sur le Web un endroit qui soit l'équivalent sensoriel d'un cimetière silencieux, battu par les vents, auquel on accèderait après une longue marche dans des sous-bois feuillus, où j'aie le loisir de me re-cueillir et surtout de sortir du mental, ce pendule qui oscille indéfiniment dans un espace à trois dimensions : la peur, la colère, le désir... Heureusement, ça n'existe que dans la réalité, et je n'ai qu'à enfiler mes bottes pour le trouver derrière chez moi. Lecture recommandable de premier novembre : Le livre tibétain de la vie et de la mort, par Sogyal Rinpoché (Le Livre de Poche) Pour être sage, dois-je chercher à vous ressembler, maître ? demande le disciple. Allons, crois-tu que c'est parce que je me ressemble que je suis sage ? dit le sage. 26 Octobre Jour 18. Rêvé que je capturais un gros lapin dans le bois avec un morceau de grillage (non, c'était pas une lapine ! ) qu'il fallait protéger contre quelque chose qui la menaçait. Au réveil, notre abrutie de chatte prénommée Moumoune mais qui mériterait de s'appeler "Pavlov" ou "Ran-tan-plan" dormait paisiblement entre nous. Je descends au garage et trouve répandu sur le sol un lapereau qu'elle a réduit à un vague puzzle sanguinolent et machouillé après l'avoir victorieusement traîné à travers la chatière, dont elle avait mis trois mois à comprendre le fonctionnement, elle qui est la risée des écureuils et des corneilles du quartier quand elle se prend pour une panthère. Je nourrissais déjà un agacement envers le fait que cette bête partage notre couche, j'étais certain qu'elle influençait négativement la qualité de mon sommeil, ce matin j'ai la preuve encore tiède qu'elle est télépathe. Le seul point positif c'est qu'elle me donne envie de lire ce que Jung a écrit sur la synchronicité. Vagues d'exaltation et de désarroi subséquent : quand je suis trop focalisé sur le forum, ça fournit du carburant à l'Ego, et c'est l'inverse qu'il faut faire, non pas lui couper les vivres mais comme le dit Orroz, le remettre à sa juste place. C'est lui qui s'excite, et une fois excité, l'Ego ne connait qu'un moyen de se satisfaire, il le fait par le biais des habitudes acquises, tentant pathétiquement de se prouver à lui-même sa propre existence. Et c'est l'ego, toujours l'ego, qui se fout de notre gueule. Pour dépasser cela, une seule solution: piéger l'ego, lui faire plier les genoux, le faire revenir à sa seule fonction positive : la dignité. Qui s'occupe trop de clés devient lui-même serrure. Nous sommes quelques-uns à constater que, passé les premieres semaines de la prise de conscience de la nécessité soutenue d'un "non-passage à l'acte", il vaut mieux nous éloigner pour éviter de redoubler les petites classes. P*** m'explique à partir de la lecture de ce blog pourquoi j'ai un problème avec le sein maternel, duquel je dois faire mon deuil si je veux grandir. Echange de mails privés plus ou moins réussis avec des membres du forum et des membres éloignés de ma famille. 24 Octobre Jour 16. J'ai passé le wee-end tout seul sans me faire inutilement souffrir devant la femme à tête carrée, et j'en suis bien content. Il y a 20 ans, je bossais avec un érotomane teuton à qui il arrivait de m'abandonner en plein boulot pour honorer un rendez-vous coquin "non mais tu comprends il faut que j'aille à la sortie du lycée ****, il y a une petite avec des nichons comme ça". Sa lubricité m'apparaissait cocasse et pittoresque, d'autant plus qu'elle le mettait dans des situations invraisemblables. En dehors de ça c'était le descendant d'un universitaire brillant et il avait une conversation intéressante. Mais c'était un sacré filou et il me roula de 5000 balles, ce qui était le prix à payer pour discerner la compassion de la naïveté. Deux ans après qu'il ait disparu de mon entourage pour cause de non-solvabilité, une nana m'appelle : "-Bonsoir j'aimerais parler à Ronny. -Ah, ben il n'est pas chez moi ! -Comment ? il m'a juré qu'il était chez vous, en fait c'est assez urgent, je viens d'accoucher et c'est lui le papa...." La pauvre, je lui ai éclaté de rire à la figure en me confondant en excuses, mais c'était trop surréaliste. J'aimerais bien savoir où il est passé, mais d'un autre côté s'il n'est ni moine ni mort, il doit être dans un triste état. Merde, encore de la compassion. 22 Octobre Jour 14. J'ai rêvé que je surfais sur des sites de cul, qui n'étaient pas très bandants mais très commerciaux. Ce rêve me rassure, car ça fait très longtemps que je n'ai pas eu de rêve autour de mon addiction, alors que mes pensées conscientes tournent beaucoup autour. Enfin j'appelle ça des pensées conscientes, mais elles ne sont que l'effet engendré par ce dérèglement ancien de mon système glandulaire. Le Forum génère une autre forme d'addiction, ce qui est un comble et qui va à contresens de la libération tant souhaitée. Egréner au jour le jour son chapelet d'espoirs et de misères ne permet pas de se détacher suffisamment du problème. Le comparer à celui des autres non plus. Il s'agit de prendre un engagement ferme vis à vis de soi-même sans possibilité de marche arrière, et peu d'entre nous ont assez confiance en eux pour poser le théorème sous cette forme, qui est pourtant la seule viable si l'on y réfléchit bien. 19 Octobre Jour 11. Je me rappelle aujourd'hui ce message : "Quand on est petit, on a des aspirations fondamentales, ou peut-être même une seule aspiration fondamentale. Devenir. Et devenir quoi ? Devenir soi bien sûr. Et puis voilà que par là-dessus la société nous convainc que soi = quelqu'un d'honnête de vertueux, qui gagne bien sa vie avec une maison à la campagne une femme et 3 gosses. Alors on se met à vouloir tout ça. Et puis à un moment on a vaguement l'impression qu'on s'est fait arnaquer, mais on n'arrive pas à voir où, alors puisque c'est comme ça on décide éventuellement de devenir une larve : ne plus rien vouloir, puisqu'on n'a pas eu ce qu'on voulait. Mauvais calcul, parce qu'on vient de jeter le bébé avec l'eau du bain. Soi, c'est du désir. Désir d'être soi, de se connaître... (=Dieu se manifeste pour s'aimer lui-même à travers sa création). Il faut en revenir à ce qu'on désirait quand on était petit, se remettre dans cet état d'esprit, et repartir de là sans se laisser influencer par les autres." si je vous disais que celle qui a écrit ça vend du porno gay, vous croiriez que j'ai trop lu Chuck Palahniuk. Je me demande si elle, elle en a lu. Ce n'est pas des mots qu'il faut se méfier, ni même de ceux qui les prononcent. C'est de notre tendance à nous en contenter. 17 Octobre Jour 9. J'ai vraiment une tête d'abruti imbu sur cette photo. Heureusement que je n'autorise pas les commentaires sur ce blog : c'est ce qui vient sans doute de ruiner celui de ma copine (?) Flo, trop sensible aux médisances et aux "malcomprenants" qui encombrent le sien. Je viens de passer le week-end en Bretagne chez mes potes de collège, entouré de gosses géniaux et épanouis. Tout ce qu'il me fallait pour m'aérer la tête, même si j'écris ça à une heure du matin et que le réveil sonnera dans 6 heures pour une nouvelle semaine hot, trop de temps libre à la maison....on va s'arranger un emploi du temps chaque matin pour la journée, et ça va le faire. 13 Octobre Jour 5. Putain que ça fait du bien de rebosser et d'avoir des projets, de ne plus être coincé à la maison face à ce Damoclès à cristaux liquides ! Je comprends mieux ma rechute de septembre avec prolongations. Il est vital que je sorte de l'engrenage unemployment - déprime - rechute. 11 Octobre Jour 3. J'étais un garçon rêveur. Je le suis resté, même si le rêve s'est transformé en cauchemar, m'appelant à m'éveiller. 10 Octobre Jour 2. Rêvé que je rechutais dans l'alcool en prenant une grosse murge et en jouant les pénibles au cours d'une grosse teuf de djeunes chez mon copain Jérome. Wouah la honte ! En fait, "pas de blâme", comme y disent dans le Yi King : mon inconscient me ménage, il sait que je ne saurais endurer l'irruption du porno dans mes rêves, et m'invite à faire moi-même le transfert pédagogique là où le bas blesse. Ou alors il me la joue mensonge et dissimulation, comme je me la joue parfois. Heureusement que je rebosse à partir de demain. Comme ça fait 13 ans ces jours-ci que j'ai laissé tomber la bouteille, je remets le nez dans le "Gros Livre" des AA, pour l'édification de tous et surtout la mienne, comme une invitation à me pardonner cette énième rechute : c'est clair que là, vu comment j'ai réagi, je croyais vraiment y être "arrivé". La rechute vient me rappeler qu'on n'est jamais arrivé. Ca me fait penser que si j'avais le choix, je préfèrerais sans doute être un enculé qu'un abruti, bien que vu mon taux de résistance au Mal, la seconde explication est plus vraisemblable. L'orgueil, encore... NOTRE MÉTHODE
Rarement avons-nous vu faillir à la tâche celui qui s’est engagé à fond dans la même voie que nous. Ceux qui ne se rétablissent pas sont des gens qui ne peuvent pas ou ne veulent pas se soumettre complètement à ce simple programme. Ce sont d’habitude des hommes et des femmes qui sont naturellement incapables d’être honnêtes envers eux-mêmes. Il y en a de ces malheureux. Ce n’est pas leur faute, ils semblent être nés ainsi. Leur nature ne leur permet pas de comprendre et de mettre en pratique une façon de vivre qui exige une rigoureuse honnêteté. Leurs chances de réussir se situent au-dessous de la moyenne. Il y a aussi ceux qui souffrent de graves désordres émotifs et mentaux; mais plusieurs d’entre eux se rétablissent s’ils sont capables d’honnêteté. Les récits de nos vies révèlent, de façon générale, ce que nous étions, ce qui nous est arrivé et comment nous sommes maintenant. Si vous avez décidé que vous voulez ce que nous avons et que vous voulez tout faire pour l’obtenir, alors vous êtes prêts à prendre certaines mesures. Devant certaines de ces étapes, nous avons hésité. Nous avons cru pouvoir trouver une méthode plus facile, plus douce. Mais ce fut impossible. Avec toute l’ardeur que nous avons, nous vous supplions d’être sans crainte et sincères dès le début. Certains d’entre nous ont tenté de s’accrocher à leurs vieilles idées, mais le résultat a été nul tant qu’ils ne se sont pas complètement abandonnés. N’oubliez pas que nous avons affaire à l’alcool, qui est puissant, déroutant, sournois ! Sans aide, c’est trop pour nous. Mais il y a un Être qui a tout pouvoir, et cet Être, c’est Dieu. Puissiez-vous Le découvrir maintenant ! Les demi-mesures ne nous ont rien donné. Nous nous trouvions à un tournant de notre vie. Nous avons demandé Sa protection et Son aide et nous nous sommes abandonnés à Lui complètement. Voici les étapes que nous avons suivies et que nous proposons comme programme de rétablissement : 1. Nous avons admis que nous étions impuissants devant l’alcool — que nous avions perdu la maîtrise de notre vie. 2. Nous en sommes venus à croire qu’une Puissance supérieure à nous-mêmes pouvait nous rendre la raison. 3. Nous avons décidé de confier notre volonté et notre vie aux soins de Dieu tel que nous Le concevions. 4. Nous avons procédé sans crainte à un inventaire moral, approfondi de nous-mêmes. 5. Nous avons avoué à Dieu, à nous-mêmes et à un autre être humain la nature exacte de nos torts. 6. Nous étions tout à fait prêts à ce que Dieu élimine tous ces défauts. 7. Nous Lui avons humblement demandé de faire disparaître nos défauts. 8. Nous avons dressé une liste de toutes les personnes que nous avions lésées et nous avons consenti à réparer nos torts envers chacune d’elles. 9. Nous avons réparé nos torts directement envers ces personnes dans la mesure du possible, sauf lorsqu’en ce faisant, nous risquions de leur nuire ou de nuire à d’autres. 10. Nous avons poursuivi notre inventaire personnel et promptement admis nos torts dès que nous nous en sommes aperçus. 11. Nous avons cherché par la prière et la méditation à améliorer notre contact conscient avec Dieu, tel que nous Le concevions, Lui demandant seulement de connaître Sa volonté à notre égard et de nous donner la force de l’exécuter. 12. Ayant connu un réveil spirituel comme résultat de ces étapes, nous avons alors essayé de transmettre ce message à d’autres alcooliques et de mettre en pratique ces principes dans tous les domaines de notre vie. Plusieurs d’entre nous se sont exclamés : « C’est trop difficile ! Je ne pourrai pas y arriver. » Ne vous découragez pas. Personne d’entre nous n’a réussi à mettre en pratique ces principes à la perfection. Nous ne sommes pas des saints. Ce qui compte, c’est que nous sommes disposés à progresser selon des principes spirituels. Les principes que nous avons énoncés sont des guides vers la croissance. Nous parlons de croissance spirituelle plutôt que de perfection spirituelle. Notre description de l’alcoolique, le chapitre consacré aux agnostiques et nos aventures personnelles avant et après notre rétablissement font ressortir trois choses importantes : a) Nous étions alcooliques et incapables de prendre notre vie en main. b) Probablement qu’aucune puissance humaine n’aurait pu nous délivrer de notre alcoolisme. c) Dieu pourrait le faire et le ferait si nous Le recherchions. Des centaines de milliers d'alcooliques y croient et sont sobres pour aujourd'hui. (...) Égoïsme et égocentrisme, c’est là, croyons-nous, la source de nos problèmes. Animés par une centaine de sortes de peurs, déçus de nous-mêmes, ne recherchant que nos intérêts et nous apitoyant sur notre sort, nous marchons sur les pieds de nos semblables et ils réagissent. Ils nous blessent parfois, apparemment sans avoir été provoqués, mais invariablement, nous découvrons que dans le passé, nous avons pris une décision égoïste qui nous a exposés à être blessés plus tard. Nous sommes donc les principaux artisans de nos malheurs. Ils viennent de nous, et l’alcoolique fournit l’exemple parfait de la volonté personnelle déchaînée, même si, la plupart du temps, il ne s’en rend pas compte. Avant toute chose, nous, les alcooliques, devons nous corriger de notre égoïsme, sinon il nous tuera ! (...) Une chose est claire : celui qui vit dans le ressentiment profond finit par mener une existence futile et malheureuse. Dans la mesure exacte où nous nous laissons aller à ce sentiment, nous gaspillons un temps précieux qui autrement, pourrait être employé avec profit. Mais pour l’alcoolique, dont le salut dépend du maintien et de l’évolution de son expérience spirituelle, le ressentiment est extrêmement grave. Il nous est même fatal car en cultivant notre rancune, nous nous coupons de la lumière de l’Esprit. La démence de l’alcool revient et nous recommençons à boire. Et pour nous, boire c’est mourir. Le reste du chapitre, pour ceux qui veulent le fumer plus tard, je le mets là : http://perso.wanadoo.fr/john.warsen/aa 9 Octobre Jour 1. Et encore : j'ai téléchargé un épisode de futurama qui s'est révélé être du cul nippon. Je me suis senti personnellement insulté : on m'avait trompé sur la nature de ma rapine. Enfin bref, comme a dit un nouveau sur le forum, "il faut en finir". 8 Octobre Jour 0. Rechute. Quand j'étais petit, si j'estimais avoir fait quelque chose de pas bien, je me punissais tout seul, en allant au lit, en m'enfermant dans la voiture au bord de la plage.... là je m'en fous, je ne mesure pas les conséquences d'avoir pondu tout ce baratin sur le forum d'Orroz - plus de 200 messages bien membrés en 5 mois - et d'être encore sous le charme de gonzesses virtuelles. Je suis divisé, mais je ne souffre pas. J'essaye de penser à autre chose : quand je ne pense qu'à ça, j'y reviens toujours. Je fais autre chose de mes journées que de me lamenter. Quand j'en aurai marre, je passerai à autre chose. Le problème, c'est qu'il risque alors d'être bien tard. Rêvé de Françoise Frey, elle avait de tout petits seins pas encore formés, j'étais tout ému de la retrouver après 25 ans d'absence, plus tard quand je me couchais sur elle ce n'était plus qu'un pantin de bois articulé, mais si j'étais assez patient pour lui déplier les articulations des bras, elle reprenait forme humaine. Encore rêvé de Jocelyn Le Bricquir, nous allions à un rendez-vous commercial ensemble, et comme il était pris de boisson et n'articulait que difficilement, je lui suggérai de me laisser parler pendant l'entretien. Ces rêves sont plus mystérieux et plus limpides que ma vie d'aujourd'hui. Pas pu écrire une ligne du scénario que me réclame bertrand. Mon énergie est ailleurs. J'ai repeint le mur autour de la propriété et j'ai resemé de la pelouse. Des amis sont venus diner, égaux à eux-mêmes, sans surprise (mais moi non plous) mais charmants. Les enfants se sont très bien entendus. 7 Octobre Jour 0. Rechute. Il va falloir copier-coller le paragraphe d'hier, ça ira plus vite. Ou alors un petit Flo, pour la route : "On voit bien ce que Castaneda appelle l’auto-contemplation. C’est le fait de jouir de ses émotions/sensations/pensées… jusqu’à en être dégoûté, énervé, et ensuite, jouir de ce dégoût, de cette colère, après quoi on est fatigué donc on dort un petit coup, et dès qu’on se réveille, on recommence ! Là où le processus est le plus visiblement à l’œuvre, c’est dans les émotions. A ce niveau là, ça devient du grand art. Comme le dit Casta, les gens sont tous assis en rond à se retourner le couteau dans la plaie et ils appellent ça du partage. En fait, ils ne partagent rien d’autre que leur auto-contemplation. N’étant moi-même pas très douée pour les émotions, on comprend que j’aie toujours bien aimé ceux qui ont tendance à s’y complaire, je leur trouvais du charme, en quelque sorte. Pour sûr, ils ont une capacité d’exister supérieure à la moyenne, car c’est bien de cela dont il s’agit : s’auto-contempler pour exister. Malheureusement, personne n’existe, et ne pas l’admettre est la cause de toutes nos souffrances. Plus on s’auto-contemple, plus on existe, et plus on souffre, bien sûr. Le prix à payer pour ne plus souffrir est la cessation de cette auto-contemplation, et c’est un prix que personne ne veut payer." Evidemment, on se fout que Flo, que Casta et à postériori vous ou moi ayez une quelconque prétention à "mettre en actes" cette histoire, qui éveille dans mental confus du dépendant bien des échos. Castaneda est mort, Flo est à donf dans le dzogchen et moi je refuse d'accepter mon impuissance devant le porno après 6453 essais infructueux. Non, inaboutis. Ce qui prouve que la théorie de Casta rapportée par Flo n'est pas faite que pour les cochons, et que si je cessais de me plaindre ici-même d'être rien qu'un branleur, y'aurait déjà un peu moins d'autocontemplation. 6 Octobre Jour 0. Rechute. Il va falloir que je m'éloigne de mon ordinateur, sinon il va finir par m'arriver des bricoles. Ce matin, je me suis branlé sur une actrice noire avec des nichons extraordinaires, cet après midi j'ai animé une réunion de présentation des alcooliques anonymes à un public d'aides soignantes. Je ne peux pas dire "rien n'y fait" : les rechutes, je les vois arriver, et c'est moi qui ne fais pas ce qu'il faut pour m'en protéger. Hier j'ai appris que mon oncle va quitter ma tante, ils ont 65 ans tous les deux et lui s'est décidé depuis la mort de sa mère à "lâcher le paquet" à sa femme avec laquelle il ne communiquait plus que par onomatopées, ou presque. Le paquet en question, c'est qu'il la quitte sous le prétexte qu'ils n'ont plus rien à partager ensemble. Faut dire que ça fait une bonne quinzaine d'années qu'il passe ses soirées sur son ordi et qu'il s'est trouvé un tas d'activités pour être le moins souvent possible à la maison. Courage ou lâcheté ? A part les tartines de jugement moral que je pourrais lui mettre si j'avais le culot de m'estimer meilleur que lui, je vois là un autre aspect de la pathologie familiale en action, la "solitude" cultivée au milieu des autres, c'est à dire l'isolement volontaire (bien que la volonté n'ait pas grand chose à voir là-dedans, c'est surtout l'ineffable sentiment de sa propre supériorité qui joue). La semaine dernière, j'ai vu un autre de mes oncles, lui se tue doucement avec l'alcool après s'être séparé de sa dernière chérie. Lu dans un témoignage du forum "J'avais fais tellement de mal à ma compagne avec mes mensonges, mes promesses non tenues et bien d'autre choses que je me devais de le faire" (en parlant de son sevrage). Putain, c'est pas chez moi que ça arriverait. Enfin, si, mais ça m'arrive tellement souvent que le sursaut moral ressemble aux convulsions qui agitent encore le cadavre de la poule après qu'on l'ait décapitée. J'ai un point aveugle au fond de l'oeil, et il me masque une bonne partie de la réalité. 4 Octobre Jour 15. Rêve de la mère de Jocelyn Le Bricquir, j'ai la clope au bec et je lui dis que ça fait 20 ans que je ne fume plus. Je lui demande pardon pour les légers désagréments qu'on a pu lui faire subir du fait qu'on squattait au dessus de son appartement et qu'on n'était qu'une bande de jeunes énervés et bruyants. C'est un rève optimiste puisque je m'y vois mentant et encombré de ce mensonge. Il y a une demande de pardon, aussi. Ce qui m'inquiète c'est cette régularité onirique de personnes disparues de ma vie réelle depuis une vingtaine d'années. Si ce sont ces fantômes issus du passé qui gouvernent ma vie, pas étonnant que j'aie du mal à étendre une lessive, ou à écrire sur autre chose que sur les pourtours douloureux de mon tuméfié nombril. Il y a aussi cette fascination entretenue pour une certaine littérature de développement personnel (comme si les mots pouvaient me guider hors des représentations qu'ils prétendent induire). Illusion aussi de d'acquérir pour soi les "qualités des textes" en s'en goinfrant. Croyance vaguement animiste, comme les primitifs qui pensaient hériter du courage de leurs ennemis en les dévorant. Tiens, à partir d'aujourd'hui je jure de ne plus citer Flo pendant au moins un mois. N'empêche qu'aujourd'hui, ça fait 13 ans que je ne bois plus d'alcool. J'ai quand même retenu quelque chose. En réunion AA hier soir, Gérard toujours serein, admettant que ses comportements d'alcoolo sont toujours là dans le fond de sa personnalité, mais qu'il ne désespère pas puisqu'il a quand même réussi à modifier ses modes de fonctionnement en les regardant faire. Ce matin, au tabac, je n'avais pas d'argent. La buraliste m'a dit "c'est pas grave, on vous attend" et ça a fait écho avec un échange de posts sur le forum le week-end dernier. J'espère qu'elle va m'attendre longtemps. 3 Octobre Jour 14. Je n'ai jamais été très sensible aux églises d'Occident, pas assez exotiques à mon goût, mais s'il y a quelque chose de sacré dans le monde c'est sûr que la dépendance au cul le bousille pour longtemps. Aujourd'hui j'entre en moi-même comme dans une église profanée par les Barbares. J'enjambe les poutres noircies du portail, et pénètre dans la nef obscure. Les vitraux brisés crissent sous mes pas en une multitude de petits craquements qui se réverbèrent sous la haute voûte, l'autel est déformé et noirci par l'incendie qui l'a ravagé, des troncs d'arbre ont éventré le mobilier sacramentel et jonchent les bancs sur lesquels venaient se recueillir les fidèles, quelqu'un a lacéré les toiles du Chemin de Croix composées par un peintre naïf et mystique, et des remugles d'excréments s'exhalent du bénitier de granite fracassé au sol. Charmé par l'ambiance de décrépitude j'hésite entre l'apitoiement, la déréliction sincère et le besoin mécanique d'allumer une clope. Et dire que les Barbares, c'était moi ! Il s'agit de faire des choses utiles : ni inventaire de l'irréparable, ni vouloir reconstruire à l'identique. Si ce lieu est est destiné à recevoir un nouveau culte, on peut très bien commencer à le célébrer sous les gravats. C'était la métaphore à trois balles de la semaine. 2 Octobre Jour 13. Aujourd'hui, pas de problème pour remonter la filière : le type de femme qui me fascine dans le virtuel me renvoie à la femme qui me fascinait dans le réel, qui me renvoie à ma mère. Qui a très tôt pleuré la sienne, qui trouve que le monde est souffrance (dukkha) et qu'après nous attend un néant même pas miséricordieux. 30 septembre Jour 11. Pas de nouvelles du mec que j'ai essayé de mettre en garde hier. A tous les coups, il sera allé se terrer dans le Réel. Faut dire que je lui ai envoyé l'artillerie lourde : "Adorer l'apparence à la place de l'absolu est une erreur, mais croire que l'absolu réside en-dehors de l'apparence est aussi une erreur. Je crois que la rédemption de l'objet fascinatoire consiste à voir de quelle manière on peut retrouver Dieu à travers lui. Si on ne le peut pas et s'il y a un refus de se tourner vers Dieu, une préférence pour l'objet, on a une idée du gouffre dans lequel on est tombé, et on peut déjà prévoir que l'événement sera énergétiquement néfaste. Par exemple, certains objets me collent à eux et me font oublier Dieu, d'autres ont l'effet inverse. Par exemple, si je regarde mon fond d'écran actuel, orné du chimpanzé maudit, impossible de m'en décoller. Heureusement, à quelques mètres, j'ai mes perroquets qui me ramènent dans le droit chemin. Sur le moment, il est très difficile de différencier les effets, comme je le signalais plus haut, sauf que l'un remplit, et l'autre vide, mais on ne s'en aperçoit qu'au final. L'autre jour, J* disait un truc génial : on n'a pas le droit de juger le Mal, mais on n'a pas droit non plus à la moindre complaisance envers lui. Il parlait bien sûr du mal en nous, des choses horribles que nous trouvons en explorant l'esprit. On se souviendra de Jung qui un jour a failli devenir fou en faisant un rêve éveillé où il rencontrait un nain dans un sous-sol, et où il y avait du sang partout. Le rêve avait l'air assez horrible à lire, et on comprenait que ça l'ait secoué, cependant il y a bien pire, et J* me l'a confimé : « sans l'aide de Dieu il est impossible de s'en sortir. C'est pour ça que 4 des disciples de Freud sont devenus fous. » Je pense qu'il y a un moment où le psy doit arrêter sa propre introspection, car le Mal semble n'avoir aucune limite quand on commence à vouloir le regarder en face. Nous avons tous en nous les pires choses qui aient jamais été faites. J* prétend avoir passé des milliers d'heures dans des enfers à côté duquel les pires films d'horreur ne sont que d'aimables divertissements. Maintenant je commence à le croire, et quand on en arrive à observer en soi de semblables choses, il est vrai qu'on n'a pas tendance à pousser ses amis dans un tel chemin, pour autant qu'ils ne semblent pas avoir Dieu chevillé à l'âme. A part J* je n'ai rencontré personne qui soit allé à ce degré d'approfondissement des choses, ou peut-être en ai-je rencontré parmi ceux qui m'ont dit avoir fait un séjour à l'asile, mais ceux là n'ont pas décrit leur expérience. Mais parmi les sains d'esprits, ils se sont tous arrêtés avant : raisonnablement bons, médiocres ou malveillants, d'après leur propre jugement. Mais le Mal, le pire, était à l'extérieur. Saint Augustin, par exemple, l'a bien diagnostiqué, mais qui s'accuserait d'abriter le Démon en son âme parce qu'il a voulu voler une poire ? En fait, la moindre pensée non-charitable se nourrit à cette source empoisonnée qui est la même qui fait les serial-killers. Souhaiter que la tondeuse du voisin tombe en panne parce qu'elle nous empêche de dormir est une pensée de même nature que de vouloir étrangler ledit voisin. S'émotionner de l'injustice est également une pensée de même origine : la colère. Il faut revenir à la source. Si je suis scandalisée parce qu'une mère frappe son enfant, cette émotion est le commencement de ma fin. Ce que je devrais ressentir, c'est de la compassion pour l'enfant, qui souffre, et pour la mère, qui souffre aussi. Sinon, elle m'aura simplement rendue semblable à elle. Le Christ a dit « aime ton ennemi ». Il n'a pas dit « deviens comme lui »." hé oui ça vieillit bien... c'était du Flo cuvée 2000. j'ai un peu de travail salarié la semaine prochaine + un scénario à essayer d'écrire, ça va me faire du bien de lâcher un peu le forum : l'exaltation m'entraine, quoi que j'en dise, à des excès, non ? si. excès de mots qui ne comblent pas mon manque d'actes et qui finiraient par l'amplifier jusqu'à une prochaine rechute, qui est le non-acte absolu (je vous épargne les majuscules). on me signale par ailleurs qu'il (Le Christ) a dit aussi (à peu près ça) : "Le Très Haut a mis une serrure à l'intelligence de la folie, afin que l'âme en quête d'absolu se fatigue de vouloir en chercher la signification" La sagesse est sans doute de réduire l'écart entre l'exaltation et la déprime, non ? oui... Faudrait déjà que je pige pourquoi des textes intello-mysticoïdes provoquent chez moi des transes aussi peu fécondes par la suite. En plus je suis certain d'avoir lu la réponse dans un des 112857 textes fondamentaux de cette coquine de Flo. En fait on peut être malhonnète autant qu'on veut et se torcher le cul dans ses voiles émotionnels aussi longtemps qu'on le désire, avec ces gracieuses théories ou avec d'autres de son cru. C'est notre réactivité émotionnelle qui révèle notre véritable niveau de progrès spirituel. Ca et les actes que l'on pose au quotidien, c'est à dire aujourd'hui. 29 septembre Jour 10. Rêves liés au flip d'être au chômedu, qui ne me servent à rien puisque j'y suis, mais qui sont censés m'aider à comprendre que c'est flippant d'être flippé. Merci Seigneur, et je le pense sans encombrante et inutile ironie. On ne peut empêcher personne de se chier dessus s'il se croit incapable de résister à cette fausse bonne idée qui n'est qu'une habitude désagréable. On peut juste le prévenir qu'après, ça risque de sentir mauvais et qu'il aura un gros paquet chaud et humide collé derrière et que ça ne fera rire personne, même pas lui. Tiens, je mets en ligne le premier cycle du cours d'ortho, ça, ça fait rire. http://perso.wanadoo.fr/john.warsen/ortho1cycle.html 28 septembre Jour 9. Ca va. L'orage est passé. J'ai repris contact, avec des potes et avec moi-même, par le biais du forum et de mon téléphone. On m'attend aussi pour animer des réunions d'information publique aux Alcooliques anonymes. Je repasse du linge & autres taches urgentes, et comme il est dit partout, c'est efficace pour reprendre confiance, non en soi (ce qui serait un piège) mais dans les outils proposés. 26 septembre Jour 7. Résolu à m'attacher au problème de l'attachement (à mon ordinateur, par exemple). Bonne volonté : regarde, je suis magicien ! Hop! Je disparais ! Persévérer. Il faut que je retourne au Réel, comme d'autres retournaient au désert. 24 septembre Jour 5. Se mettre en danger pour se sentir exister tellement on s'emmerde. Seigneur ! Quelle erreur ! il y a tant de réponses plus nuancées à apporter aux sollicitations constantes de notre environnement intérieur et extérieur ! 23 septembre Jour 4. L'armoire du salon est bourrée de cassettes VHS de films que j'ai voulus absolument voir et que je n'ai jamais regardés. Le meuble à CD dégueule de galettes dont la plupart sont "volées" sur le Net de musiques absolument indispensables et dont je n'écoute pas le centième. Mon bureau est encombré d'ouvrages de spiritualité, de bédés.... idem au garage; depuis janvier je me suis mis grâce à l'ADSL à entasser des DivX sous la télé, j'ai bien cru que cette accumulation allait me protéger du Manque, or il n'en est point ainsi : c'est un manque à être impossible à combler par de l'avoir, et maintenant en plus, de le savoir et de le percevoir me fait stressoir. Une réaction saine : je devrais rigoler un bon coup et apprécier plus ce que j'ai, commencer à les regarder, ces films, les relire, ces livres..... Il y a plusieurs résonances possibles à cet inutile empilement : - le besoin d'acquérir et de pouvoir produire - dans le sens "exhiber"- des "références" solides et argumentées en ciné, musique, bouquins = besoin de se socialiser, d'être aimé et reconnu comme "le gars qui sait", ...une autorité en la matière. On voit les biais du système : "le gars qui sait" se transforme en "le gars qui sait qu'il sait et qui n'hésite pas à le faire savoir" donc épouvantablement imbu, et qui imbu, boira. Dieu merci, ça c'est derrière moi. -Trouver dans la culuture (oups, j'ai pas fait exprès mais je le garde comme ça) des appuis et des renforcements à des "attitudes" que j'ai voulu "copier" pour "me forger mon identité". C'est maintenant que je mets des guillemets tant tout cela sent l'amalgame, en fait ça a mis ma vie entre deux putains de parenthèses. Non seulement je me sens "possédé" dans les deux sens du terme par mes "possessions" qui ne sont que des emprunts qu'il faudra bien rendre quand je ravalerai mon bulletin de naissance, mais de m'être ainsi encombré de l'opinion des autres ne m'a guère aidé à me faire la mienne. En plus les Sages racontent partout que les opinions, c'est LA chose dont il faut se débarasser si on veut avancer sur la Voie qui, je le rappelle, est sous nos Pieds. 22 septembre Jour 3. Rêvé que je montais un duo comique avec un black, on allait interviewer des fumeurs de pétards. Tout est effectivement lié !!! Révé aussi de Vincent, mon vieil amant montpelliérain de quand j'avais décidé de me faire homo pour me punir d'avoir présenté ma chérie à mon meilleur pote (ils s'étaient plutôt bien entendus). Pas de blâme. C'est l'époque où je lisais beaucoup Henri Michaux : "Dans ma nuit, j'assiège mon Roi, je me lève progressivement et je lui tords le cou. Il reprend des forces, je reviens sur lui, et lui tords le cou une fois de plus. Je le secoue, et le secoue comme un vieux prunier, et sa couronne tremble sur sa tête. Et pourtant c'est mon Roi, je le sais et il le sait, et c'est bien sûr que je suis à son service. Cependant, dans la nuit, la passion de mes mains l'étrangle sans répit. Point de lâcheté pourtant, j'arrive les mains nues et je serre son cou de Roi. Et c'est mon Roi, que j'étrangle vainement depuis si longtemps dans le secret de ma petite chambre; sa face d'abord bleuie après peu de temps redevient naturelle, et sa tête se relève, chaque nuit, chaque nuit. Dans le secret de ma petite chambre, je pète à la figure de mon Roi. Ensuite, j'éclate de rire. (...) Cependant, il est bien évident que c'est lui le Roi, et moi son sujet, son unique sujet. (...) Il est toujours là. Il ne peut pas déguerpir pour de bon. Il doit absolument m'imposer sa maudite présence royale dans ma chambre déjà si petite. (...) Imbécile, qui tentai de le mettre à la porte ! Que ne le laissai-je dans cette chambre tranquillement, tranquillement sans m'occuper de lui." (c'est moi qui souligne) sinon, l'image du jour
est celle
du GUERRIER : quand la meilleure attaque est la FUITE.
![]() et comme en France, tout
finit par
des chansons...
Blind
(le son en cliquant sur le titre) by Tuxedomoon Vocal 1 it's gonna pay off later...it's a logical end. all the signs are pointing to it Everything's turning to red and you see blue, so that's why you like it up here. When everything you want is not the way you want it you're on the right track sit back hold tight The more ridiculous you are in this life the more it's gonna pay off later Learn to see through the lies of your eyes See like the blind Vocal 2 only an addict can take the cure only the ugly can apprehend beauty only the prisoner can be set free only the dead can live only thieves can steal from themselves only the stupid can learn only the only child can miss nobody only the dead can live Vocal 1 When you're blind you can see the further you are the closer you get Learn to see through the lies of your eyes See like the blind I was thinking then I stopped Learn to see through the lies of your eyes See like the blind See like the blind Jour 2. Rêvé de ver solitaire, qui m'infestait mais aussi mon fils (13 ans) que j'ai vu hier télécharger des images de BD un peu ollé ollé sur le site de Lanfeust. Parasite bleu et rouge, ténia à ailettes qu'on allait se faire enlever à l'hopital. On les voyait étendus sur des linges, d'un fort beau gabarit. Plus tard dans le rêve ils avaient disparu : quelqu'un les a-t-il trouvés peu ragoutants, ou ont-ils repris vie pour aller infester qqun d'autre ? ambiance poétique genre "ExistenZ" de Cronenberg. Si ma dépendance au porno est l'arbre qui masque la forèt de la cyberdépendance, me v'la beau. J'aimerais pouvoir dire, comme ce personnage de la série Deadwood « Je suis reconnaissant pour toutes les branlées que je me suis prises. Chacune d'entre elles. Ça t'enlève la moindre trace de confiance, et tu connais la nature du monde » mais je n'en suis pas là. Je réfléchis sur la forme particulière de confusion mentale qui a pu me faire croire arrivé alors que j'étais juste bien parti. 20 septembre Premier jour de rétablissement. Ca tombe bien, j'ai un scénario à écrire d'urgence pour une agence d'hôtesses d'accueil sur des congrès, séminaires... Je nettoie aussi les vitres du salon, ce qui est éminemment symbolique... Le désordre est un rappel à l'ordre. Ni plus ni moins. Chassez le naturiste et il revient au bungalow, disait Desproges. Le mieux c'est de l'attendre DEVANT voire DANS le bungalow. Et de dialoguer avec lui : "bon écoute je ne suis plus d'accord pour que tu foutes ma vie en l'air. D'abord tu n'es même pas toi-même, tu n'es que le symptôme de souffrances passées qui se remanifestent dans le présent pour être guéries. Je te remercie de t'être re-présenté à moi sous ta forme de fantôme affamé, ce coup-ci je vais vraiment m'atteler, non pas à te satisfaire (ta satisfaction cause ma perte) mais à te prendre en considération, de façon à ce que tu ne me nuises plus." La rechute me rend plus circonspect et j'espère plus humble, sinon y'a vraiment de quoi se la mordre. Je me terre sur mon blog pour éviter l'engueulade du Grand Schtroumpf. Je constate un décalage, et pas dans le bon sens, entre ce que je dis - ou plutôt écris, le pouvoir du Verbe Parlé est de nature différente - et ce que je fais, générateur de gène, de malaise... enfin ça se tenait à peu près jusqu'à ce que je refoute un oeil sur une femme à poils. Je vais donc moins écrire et plus agir : je m'aperçois que les plus méritants du forum ne sont pas forcément les plus bavards. Et pour agir il faut commencer par décoller de ce putain de nach'din'mouk d'ordinateur. 19 septembre Rechute...après quatre mois d'abstinence, record battu, record à battre. j'espère que ce que je raconte sur le forum sert aux autres parce qu'apparemment je m'estime exempté de mes propres conseils, n'ayant pas réussi à les suivre pour aujourd'hui; il y a un problème d'orgueil, comme l'ont diagnostiqué certains, une fuite par l'humour aussi, et puis le gros beug familial du "caché", et du plaisir et de l'interdit. Quand les deux se conjuguent, ça fait tilt. Il y a quelques jours, j'ai rêvé que mon grand-père était mort, j'appelais ma grand-mêre au téléphone et je n'osais pas lui demander de nouvelles de papi : il valait mieux mentir par omission que risquer de lui faire de la peine. Ca résume bien le karma familial. (ma grand-mère est décédée cet été, dans la solitude d'une maison de retraite de luxe et la peine de voir ses enfants brouillés "à mort" entre eux) Plusse le fait que j'ai oublié de grandir parce que ça m'intéressait moyennement de devenir un gros con d'adulte, moyennant quoi j'ai cru pouvoir impunément rester un con d'ado mais ayant des enfants à charge ainsi qu'une épouse au courant de mon addiction, je ne peux plus vraiment mériter cette appellation. Même cette attitude de mettre ma "défaite" (qui n'est qu'une rechute, j'ai qu'à lire un peu c'que j'écris et écouter c'que j'dis) en ligne dans cet endroit secret au lieu d'aller avouer sur le forum révèle un dysfonctionnement, comme dirait l'autre. Et l'impression imbécile que je peux réparer ça tout seul, régulièrement démentie par mes actes, leurs conséquences, et mon environnement. Je repars à zéro, ce qui ne veut pas dire que j'y retourne, ni que je pars de rien pour arriver à que dalle. je mets à votre disposition des exercices pour sex addicts (en tout cas ceux qui veulent s'en sortir) http://perso.wanadoo.fr/john.warsen/exercicespourtravaillervoslangues 18 septembre J'ai fait le calcul de mes charges fixes mensuelles : abonnements à télérama, au Monde, remboursement de l'emprunt sur la maison + crédit du ravalement, téléphone fixe + les 2 portables, impôts mensualisés, Canal Satellite, ADSL...j'arrive à 9500 balles par mois. Les mois comme celui-ci où je bosse une journée par semaine, c'est le montant de mes Assedic. Alors hop ! c'est reparti pour le 5612ème arrêt du tabac, qui est un luxe mortel que je ne peux vraiment plus me payer. 17 septembre J'avais promis à mon fils de cesser de télécharger et il m'a chopé devant "Brice de Nice" que j'avais volé sur le Net pour lui complaire. C'est pas très malin car en un éclair j'ai vu le dilemne devant lequel je nous mettais en posant ce genre d'actes : soit je le frustre (quand je ne télécharge pas, l'ordinateur reste éteint et il y a donc beaucoup moins accès) soit je me livre à cette compulsion de me gaver de mp3 jusque dans les trous de nez et il peut jouer à ses jeux en réseau. C'est un peu comme si je me déchargeais de ma responsabilité sur lui : regarde, quand je télécharge (et me mets donc en état compulsif) c'est pour te faire plaisir, et quand je me retiens, je te baisse le store du magasin de jouets. C'est pas très cool, et ça peut nettement être amélioré. En attendant, j'ai trouvé "music for zen meditation" par Riley Lee et ça me fait beaucoup de bien de l'écouter en boucle. 16 septembre Quand je pense qu'il suffirait qu'un soir de rechute je mette ici la photo d'une femme à poil pour faire quelques victimes de plus... ça me donne à penser que la puissance n'est pas vraiment incarnée dans la volonté de nuire ou la malveillance, c'est même l'inverse. La méchanceté gratuite (ou payante) est vraiment le signe d'une grande faiblesse d'âme. 15 septembre ![]() La truie du porno
nourrissant
ses petits porcelets. (allégorie)
![]() pour mémoire (sur
l'angoisse de l'inéluctable).
9 septembre ![]() Se méfier des experts et des certitudes. Savoir que si on tombe, le monde continuera de tourner. Ne pas s'enivrer de sa toute-puissance, ancienne ou nouvelle. ![]() Se méfier aussi du "triomphe de la volonté" (nietzsche) Dans ce monde, ceux qui veulent voir Dieu font de la place en eux pour pouvoir l'accueillir, ceux qui veulent voir le Diable se ruent au devant des pires ennuis, et ceux qui ne veulent rien voir ne regardent rien. 8 septembre Ma vie intérieure
ressemble aujourd'hui à cette mauvaise blague : essayer d'avoir
raison alors que je sais avoir eu tort dans un récent moment
d'égarement que mon déni risque de prolonger.
7 septembreQuelles sont les instances qui en moi prétendent me faire périr dans cet absurde écartèlement ? il serait temps de se mettre à les observer avant qu'elles ne me réduisent en purée. Outils d'introspection : silence, confiance, ménage dans la maison (le travail tarde à revenir ou alors c'est le temps qui ralentit) Aaah on dirait que je suis pas prèt à me pardonner d'être un branleur, tiens. C'est dommage, j'avais l'impression que c'était en cours. En premier lieu, cette impossibilité à "prendre du plaisir" dans des activités qui normalement en procurent, associé au mépris pour les autres, qualifiés indistinctement de "vulgus pecum". Legs familial, sentiment d'être au dessus du commun des mortels, et pourtant les faits démentent quotidiennement ce présupposé. retrouvé dans un
vieux
mail : "Le cannabis induit une conscience de type dissociée
(schizophrénique)
parce qu'il induit une fixation sur un point d'être qui se
dissocie artificiellement de la pensée mentale verbale et qu'il
est possible de se fixer sur ce point là en "attente" de la
"montée de la pensée" : à ce moment là
c'est la kata mentale puisque sont perçus le cercle infernal
sujet/objet et ça induit une brèche hallucinante. On voit
très bien à ce moment que la personne qui
prétendait se dissocier d'elle même pour s'analyser
est en fait un pur produit de ce qu'elle prétendait analyser,
évidemment ça laisse pas indemne...."
Je me demande si d'autres produits, voire pas de produit du tout ne favorisent pas cette fâcheuse expérience qui m'est très familière. 5 septembre Il y a des gens pour qui
l'espoir est un gros mot, trop
chargé de promesses qu'il ne saurait tenir.
De fait, le désespoir est un obstacle qui s'impose parfois à nous pour exiger d'être surmonté. C'est juste un signal d'alarme pour nous dire qu'on s'est gourré quelque part. Si ça se trouve, l'insatisfaction est une preuve de l'existence de dieu. Un retour quotidien à l'humilité peut s'avérer nécessaire. A un autre niveau,il est probable que l'espoir et le désespoir soient des systèmes d'interprétation du monde qui finissent par nous boucher sa vue et qui nous sont fourgués à un âge où il ne nous est guère possible de les choisir en fonction de leur utilité future... Moi je suis plutôt branché désespoir, ça me faiche mais c'est dans ma lignée familiale et c'est une bonne excuse pour ne pas me raser le matin et pour souvent me plaindre de piétiner au lieu de me la jouer "la voie est sous nos pieds"... si nous étions "pleins" au lieu de vide, comme ces animaux dont les instincts naturels comblent tous les besoins d'orientation dans le monde, nous n'aurions aucune liberté intérieure, celle qui fait de nous des hitlers, des mozarts et des entre-deux - y'a de la marge. D'après les bouddhistes notre liberté est beaucoup plus riquiqui que nous ne le croyons, et c'est très vraisemblable (il y a comme on dit un faisceau de preuves convergentes) mais sans l'illusion de ce fameux ET nécessaire ET illusoire libre arbitre, y'aurait effectivement vraiment de quoi se tirer une balle. Dans cette attente, résistons aux mauvaises nouvelles, car la vie met longtemps à devenir courte. 1er septembre 05 Il y a 2 jours, je suis
allé me baigner dans un lac avec les enfants. Pour me rhabiller
vite, je mets un t-shirt que je rabats discrètement pour en
montrer le moins possible, puis quitte mon maillot de bain et renfile
prestement mon slip de ville. Je suis alors violemment pris à
parti par une bande d'adultes bas du front qui me traitent de
pédé sexuel, de pervers, de
dégénéré, de m'exhiber comme ça
devant des enfants, et que vraiment ils ne savent pas ce qui les
retient de me casser la gueule (à part le fait qu'ils sont assis
dans l'herbe et que je suis debout en train de rassembler nos affaires,
et qu'au début je n'ai même pas compris que c'est à
moi qu'ils adressaient leurs invectives) J'essaye d'argumenter sur le
fait que loin de m'exhiber je me suis rhabillé
"discrètement" bien que mes fesses livides n'aient pas
échappé à leur regard acéré, que mes
gosses me voient tout nu assez souvent et qu'ils ne sont pas
traumatisés pour autant, mais pas moyen : insultes et menaces de
tartes au doigt continuent à pleuvoir. Je quitte la plage en
passant à côté d'eux l'air indifférent, on
dirait des caricatures des Deschiens, ils ont une pointe d'accent du
Nord qui me fait songer qu'ils ont pu être entrainés
à crier au loup par la proximité du procès
d'Outreau (et en plus ils ont des têtes à regarder des
pornos sur Canal en buvant de la bière)
Rétrospectivement, ça m'a titillé sur le plan émotionnel de me faire traiter de vieux pervers alors que je suis rangé des voitures, et puis j'étais loin de m'attendre à une réaction aussi violente de la part de gens qui ont grosso modo mon âge. La perversion est vraiment dans l'oeil de celui qui regarde (ex-aequo avec celui qui filme, mais lui est surtout préoccupé de gagner son pain) Hier j'ai bossé avec une jeune stagiaire africaine, c'était agréable de discuter avec elle de cinéma et d'anthropologie sans que les envies de lui jouer Gainsbourg période Lola Rastaquouère soient insurmontables ou suffocantes. Elle était rafraichissante sans être naïve, et je fus enjoué et pédagogue sans me la pêter trop grave ni la lui jouer "tu sais, on m'a toujours dit que pour arriver dans ce métier, fallait coucher, hé ben j'attends toujours..." Ca avance... 20 aout 05 Il faut que
j'évoque la mémoire de mon
père, parce
que dans quelques années je risque fort de lui ressembler, avec
ou sans addiction. Quand je dis évoquer sa mémoire, ce
n'est pas qu'il soit mouru, pire : il a été
enterré vivant à l'intérieur de son enveloppe
charnelle, en tout cas c'est comme ça que je le vois
aujourd'hui, une caricature de lui-même qui ne
m'inspire ni pitié ni dégoût, mais pas de
compassion non plus, car n'oublions pas que "ce que tu appelles spiritualité,
je l'appelle sentimentalisme. Car, quand on s'est à peu
près dégagé du sentimentalisme, on n'emploie plus
ce terme, car on sait qu'il éveille exactement chez l'auditeur
un mélange de sirop de framboise et de caramel mou. Comme je le
disais ce jour à un ami : si les gens savaient ce
qu'est la compassion, ils découvriraient que c'est exactement le
contraire de ce qu'ils pensent. C'est à l'exact
opposé. Comme la spiritualité."
Bref. Papa est né dans une famille où les autorisations de s'amuser n'étaient pas distribuées tous les jours, ce qui fait que quand ça a été son tour de s'emparer du carnet à souches, il les a délivrées au compte-gouttes. Si nous n'avons pas partagé grand chose et reçu un héritage plutôt chargé (orgueil sociophobe, sentiment de supériorité intellectuelle auto-écrasant), mon frêre et moi avons beaucoup de mal à transmuter ce bagage. L'heure n'est plus au ressentiment, et s'il y a eu "transmission" des traits de caractère les plus handicapants, il serait temps de faire l'inventaire et de demander humblement l'allègement de la barque avant qu'elle coule, parce que celle de Papa a méchamment pris l'eau ces derniers temps et qu'il n'est plus à l'âge où l'on peut encore traverser l'Atlantique à la rame. 17 aout Comme je rentre de
vacances
avant d'y probablement
repartir, au lieu d'un éloge de la paresse - réapprendre
à prendre le temps, c'est fou le temps que ça prend, ne
plus se sentir victime ou coupable, et le prouver - une petite citation
fera l'affaire pour vous dire sur quoi j'essaye de bosser,
évidemment empruntée sur le blog de Izno :
"C’est très simple d’ouvrir le cœur, pas besoin du kamasutra. Il suffit de regarder l’autre comme une fin en soi, et non comme un moyen (pour reprendre l’expression de Kant). De le voir comme un individu, comme une totalité, au lieu de le voir comme le moyen d’obtenir quelque chose pour soi (de la reconnaissance, des sous, du plaisir…). C’est d’ailleurs pour cette raison que les nanas sont frustrées. Elle sont là comme des huîtres et c’est les mecs qui doivent les ouvrir. Dès ce moment, le mec est considéré comme un moyen (le couteau qui va ouvrir l’huître), donc ça ne risque pas de marcher. D’où la frustration. On a juste pété le bord de la coquille, mais l’huître est toujours fermée. Si l’huître pouvait voir qu’elle a en face d’elle un individu, un vrai, ça irait beaucoup mieux. Et vice-versa. Si les mecs arrêtaient de voir les nanas comme des poubelles où déverser leur frustration, ça irait mieux aussi. Les centres énergétiques s’ouvriraient naturellement si on arrêtait de les fermer et de les verrouiller comme les coffres-forts de la Banque de France. Bon. Quant au post de Tryto qui accuse ses parents d’en avoir fait un anormal, on atteint là le comble du ridicule, mais comme le dit Sulanjyo, quand on est pris dans l’émotionnel, on fait des bouffées délirantes. Tryto est atteint du même mal que Jeepy qui croyait le mois dernier que tout le monde sur terre était heureux sauf lui. On ne peut croire ça que si on n’a jamais regardé personne. Si on regarde bien, on voit bien que tout le jeu social consiste à faire croire à l’autre qu’on est plus heureux que lui, et qu’en réalité tout le monde est très malheureux. Et pourquoi ne peut-on voir cela ? Parce qu’on ne peut regarder à la fois le monde et son nombril. Sans compter que le fait d’être l’unique anormal au monde, ou encore l’homme le plus malheureux de la terre, fait vraiment de nous quelqu’un d’exceptionnel." |
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